Emiloso

20151019

J'écoute une chanson.
J'ai l'impression de déjà la connaître, de l'avoir écoutée beaucoup, mais à la fois je ne la reconnais pas. Il y a une douceur dans la voix électronique, dans sa répétition. C'est trop doux, mais je me souviens de la douceur pourtant.
Je ne sais pas si ce que j'ai oublié c'est la chanson, ou moi écoutant la chanson. Je suis sûre de l'avoir écoutée souvent. Dans quelle vie? Où étais-je?
Pour un instant, je crois entrevoir une porte derrière laquelle se trouve un pan de ma vie, une vie passée, une vie future, une vie qui ne fait pas partie de moi et que pourtant j'ai vécue. Combien de fois ai-je existé?

20150730

hystérique

Je fais et refais le même lapsus tous les jours. Je n'arrive d'autant pas à m'en dépêtrer qu'il s'impose aussi en espagnol.
le roman/récit/passé historique deviennent un roman/récit/passé hystérique
Je suis sûre qu'il y a un sens là derrière, mais je ne le sais pas encore.

20150717

Je voudrais badiner avec la philosophie.

20150713


20150709

Il faut retourner au bord du canal, l'hiver, et marcher un long moment pour s'apercevoir qu'il ne s'est rien passé ici. Les lumières que l'eau noire réfléchit sont trop immobiles, trop brillantes, pour ne pas provoquer le souvenir; si seulement il y avait un souvenir. Se concentrer sur la marche, écouter les coups de talon que l'humidité fait crisser, et respirer, respirer à grands traits l'air du soir. L'air mouillé pénètre le corps, la laine du manteau devient froide et ne protège plus. Cette solitude... mais ce n'était pas ici, c'est impossible.

20150629

Maintenant que je ne cours plus dans le souvenir chaque fois que je sens Buenos Aires (je dis sentir parce que, même en y habitant, on est pas toujours dans la ville, dans la conscience de la ville), je trouve cette ville triste. Grise, lourde, alors même qu'elle est beaucoup plus aérée que les villes européennes, mais c'est peut-être le climat: l'humidité qui ralentit les corps, et le climat politique, idéaux révolutionnaires sur le déclin après un mou regain, et envie matérielle - ils courent, ils courent, les Argentins, ceux qui votent en tout cas, je veux dire ceux qui ont des droits, derrière le confort du Premier Monde, celui-là même qui s'effondre sous son propre poids, ils courent sans jamais l'atteindre. Cette consommation triste, voilà qui enlaidit la ville.
Quand on croise dans le bus ou le métro, les gens chargés de sacs à leur sortie d'un mall, ils ont l'air accablés par la facture, pas du tout jouasses de tout ce qu'ils ont acheté. Acheter ce n'est pas encore acquérir, c'est toujours payer. Et pour ceux que les chiffres n'inquiètent pas, ceux qui repartent du mall en taxi ou en voiture, c'est se vouer à une accumulation perpétuelle dans une maison hyper surveillée ("protégée") qui ne finira jamais par ressembler à celles (qu'ils imaginent) en Europe ou aux Etats-Unis, qui ne leur donnera pas accès à cette qualité de vie, aussi parce qu'ils sont isolés, condamnés à vivre dans des maisons entourées de barbelés.
Ils courent, gainés de tissu élastiques, chaussés de running fluorescentes, plus ou moins minces selon leur classe sociale et leur entraîneur personnel... ils y sont presque mais il y a tout un pays à changer autour d'eux pour que l'illusion de vivre dans les séries qu'ils regardent soit parfaite.
En Europe, on trouverait les séries américaines néfastes à cause de la violence qu'on y voit. Ici, c'est le confort matériel qu'elles exposent qui fait violence.

20150626

Pseudonymes

Emiloso
Emile Orso
Ana D'Orso (mon nom dans un spam)
GAME O (mes initiales)
A O (mais ce ne sont pas que mes initiales à moi)
Orad V

Ordre chronologique

AO
Orad V
Emiloso
Emile Orso
Ana D'Orso
GAME O


20121025

Il est trop facile de faire comme s'il n'existait plus
une expérience désormais passée, et parfois, là, dans mon ventre, un résidu de mouvements
un intestin qui se fait passer pour un être

Et puis je panique, il n'a jamais cessé d'exister, mais ça ne dure pas longtemps.
Je l'ai vu, il y a longtemps, je n'en ai pas cru mes yeux, la réalité qu'on me montre est absurde
Alors que m'exiger à moi-même, de me plier à un autre si absent?

Il est trop facile d'oublier qu'il existe
ne reste que la panique quand je ne le sens plus, ce mouvement abstrait qui ne signale rien de palpable
des mouvements auxquels il faut prêter attention sans les compter, sans les comprendre surtout

une gêne, une douleur, une présence absente, surtout ne pas trop se concentrer, ne pas laisser la poitrine se déchirer pour laisser jaillir cette lueur éblouissante
oublier qu'il existe, faire comme s'il n'existait pas, rien de plus facile
alors c'est ça l'angoisse, ces rendez-vous avec l'absurde trop espacés, et moi entre deux, seule avec deux réalités inconjugables. entre un gouffre et l'autre, dont on a tort de dire qu'ils se ressemblent. l'amour et la mort, il y en a un dont on ne se relève pas et c'est bien ce qui m'effraie tant dans ce qui semble se manifester sans être encore là. mais le mal est fait, et la nuit ne me rassure plus.

20111126

à mon corps défendant, j'offre cet obélisque de pierre, dressé vers le ciel, pointu, crevant les nuages
à mon corps soluble, j'offre cet obélisque de pierre plein de lézardes pour qu'il puisse s'y infiltrer, mouillant, et grossir les nuages
à mon corps eau, j'offre cet obélisque de pierre, pour que sa base peu à peu fonde et que le dur et le mou ensemble
à mon corps défendant, j'offre cette flaque de pierre liquide

20110531

La retraite

je suis un poète
et vos voix me transpercent
vous commandez
le sacrifice de la beauté

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